|
Texte et mise en scène : Ahmed
Madani
Création au Val Fourré à Mantes–la–Jolie dans une tour désaffectée
de vingt étages. |
Avec : Claude Barichasse, Karim Belkhadra,
Annick Cisaruk, Jean–Pierre Durand, Bertrand Benaiang, Guy Paillot,
Rachel Khalil, Marie Pouquet, Hocine Slimane, Yohann Vanderme
Dramaturgie :
Joël Tronquoy
Création lumière : Thierry Cabrera
Scénographie : Raymond Sarti
Musique : François–Xavier Klein, Cyril Klein, Pascal Robert
Costumes : Malika Ait–Gherbi
Maquillage :
Marie–Chantal Loudiyi
Réalisation décor : Anne Williams, Corinne Fulconis, Claude Chautard,
Yves Testard
Photos :
Michel Vauquois |
|
La Tour |
Transformer une tour en théâtre, il fallait déjà le faire.
Installer les spectateurs dans la rue, sur les restes de ce qu’on
pouvait imaginer être une pelouse, au bord du trottoir, et faire qu’ils
y restent, c’est presque ahurissant, mais depuis plusieurs jours,
c’est quand même ce qu’il se passe au milieu du Val Fourré. Une tour,
symbole d’un urbanisme déshumanisé, unanimement condamné, fait battre
les cœurs et les mains.
Patrick Wassef Le Courrier de Mantes |
L'histoire
Cette comédie met en scène les héros dérisoires du quartier. Après
le relogement de la plupart des habitants, le gardien de la tour et
quelques réfractaires s’organisent pour rester dans leur foyer malcommode
mais familier. C’est la résistance à l’envahisseur, c’est la guerre
contre Batirécupère, l’entreprise de démolition. |
 |
|
 |
Ahmed Madani :
J’ai vécu plusieurs années dans une cité d’urgence aux conditions
de confort extrêmement précaires, pourtant je garde un excellent souvenir
de ces moments de ma vie. Aujourd’hui, la cité a complètement disparu
? A l’époque, nous étions l’une des premières familles immigrées et
c’était déjà formidable de pouvoir rester là. Grâce au Boum de la
construction du Val Fourré, mon père a trouvé un travail régulier
dans le bâtiment pendant plusieurs années ? C’était l’Age d’Or qui
pour nous fut consacré par la plus heureuse des conclusions nous avions
enfin pu obtenir un logement moderne dans cette nouvelle ville. Je
n’oublierai jamais la sensation de bonheur extrême que j’aie lorsqu’en
visitant l’appartement élu, j’ai poussé la porte de ce qui allait
devenir ma chambre. Vingt ans plus tard, j’ai éprouvé la sensation
exactement inverse lorsque j’ai pour la première fois visité l’une
des Tours murées du Val Fourré. Pourquoi ne reste–t–il que le silence
et le souffle du vent qui s’infiltre par les vitres brisées ? Que
s’est–il passé ? Une bombe à neutron a explosé ? Ou est–ce moi qui
suis devenu soudainement vieux, vingt ans qui en font cinquante ou
cent, et v’lan une tranche de vie qui s’efface à jamais. No pass.
No futur. Que sont devenus les êtres qui ont vécu là ? Que reste–t–il
de leurs histoires, de leur mémoire, des instants qu’ils ont passés
là ? Je n’ai pas pu m’empêcher d’écrire un spectacle et comme un archéologue,
je suis parti à la quête de ces bribes de vie. Les murs sont devenus
bavards. Je dédis ce spectacle à ceux qui ont vécu au Val Fourré,
à ceux qui y vivent, à ceux qui y vivront, et tout particulièrement
aux enfants qui y grandissent et aux vieillards qui vieillissent.
|
|