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Je voulais une épopée du quotidien, avec ses gestes
futiles et le secret des vies simples. Je voulais un univers décalé,
où la réalité tourne peu à peu au rêve éveillé, et deviendrait un
instant de folie douce... A.M. |
Texte et mise en scène : Ahmed Madani
Texte édité à L'Ecole des Loisirs - Traduction allemande par Conny
Frühauf (Munich)
Collaboration à la mise-en-scène : Christine Pouquet
Avec : Dominique Magloire, Yann Mercanton / Fabien Terreng,
Thomas Le Saulnier
Musique : Mico Nissim
Décor : Raymond Sarti
Lumière :
Jean-François Saliéri
Création sonore : Christophe Séchet
Costumes :
Sandrine Sommerer
Accordéon :
Jacques Bolognesi
Epouvantails :
Corinne Fulconis
Graphiste : Gilbert Legrand
Photographe :
Jérômine Derigny
Coproduction : C.A.C. G. Brassens de Mantes-la-Jolie et le Forum Culturel
du Blanc-Mesnil.
Aide à la création : THECIF (Théâtre et Cinéma en Ile-de-France/Conseil
Régional Ile-de-France), le Conseil Général des Yvelines, l'ADAMI
et la CCAS.
Les partenaires de Madani Compagnie : la DRAC d'Ile-de-France, la
Ville de Mantes-la-Jolie, le Fonds d'Action Sociale, la Mission-Ville,
le Conseil Général des Yvelines. |
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Il faut tuer Sammy
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Au milieu du
XXème siècle la France a vécu, comme beaucoup d'autres pays
européens son exode rurale. Elle est passée d'une civilisation
agricole à une civilisation urbaine fondée sur l'industrie.
Ce formidable mouvement de population s'est accompagné d'un
bouleversement fondamental de la culture du français moyen.
La terre, jusque-là centrale dans le rapport au monde est
devenue secondaire. De très sérieuses études ont démontré
que ce qui différenciait un enfant des villes d'un enfant
des villages, loin d'être le niveau scolaire ou la promptitude
d'esprit, est tout simplement le rapport à la vie. Dans la
culture rurale, la vie des individus est bercée par le cycle
saisonnier, le rapport à la vie animale et végétale, le rapport
à la terre. L'être humain prend toute sa dimension " d'être
naturel ". La culture urbaine qui organise le monde " le civilise
", créé des cadres de vie et atrophie les références.
Ce qui a présidé à l'écriture de cette pièce et à son projet
de création est la tentative d'une approche symbolique de
ce rapport au monde. Enfants et adultes sont concernés par
cette question. L'idée d'une fable bucolique, naïve, mais
dont la dimension existentielle reste centrale s'est imposée.
Il nous semble en effet, très important, à l'aube du XXIème
siècle de rappeler aux uns et aux autres que l'homme n'est
pas né de la ville et qu'il est grand temps d'apprendre à
nos enfants qu'il est bon de fréquenter la terre.
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C'est derrière une montagne,
dressée comme une barrière contre la fureur du monde, que Sammy,
Ed, Anna et le Cousin sont installés. Une vague promesse faite
on ne sait quand, à on ne sait qui, les tiens arrimés à ce coin
de terre, depuis longtemps effacé de toutes les cartes du monde.
Rien ne les retient-là et pourtant tout les empêche de s'en
aller. Faut-il partir ? Pour aller où ? Pour y faire quoi ?
Ailleurs n'est-il pas semblable à ici-même ? Voilà les questions
qui les assaillent quand tout devient flou. Mais leur doute
est vite écarté, car ils savent bien que partir ou rester c'est
pareil. La terre sous leurs pieds, le ciel comme un chapeau
aux bords infinis et le soleil qui voit toujours tout, sont
partout les mêmes. Alors leur voyage, ils ont décidé de le faire
dans ce coin de terre, car ils savent que là au moins s'ils
se perdent, ils seront perdus chez eux. Depuis le temps qu'ils
voyagent ainsi, entre leur carré de pommes de terre, Sammy qui
hurle quand il a faim et le Cousin qui s'acharne sur son violoncelle,
Ed et Anna ont fini par " avoir un coeur gros comme ça ". Et
c'est là leur force et leur majesté. Certes ils sont frustes
et bourrus, habillés de bric et de broc, peu enclin à faire
des manières, mais ils ont cette façon simple et maladroite
d'être poètes sans jamais savoir qu'ils le sont.
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Fable allégorique sur la vie et la mort, sur l'amour
aussi. " Il faut tuer Sammy " est un de ces spectacles tout
public, pour petits ET grands, d'une qualité haute en tenue
qui amène les enfants sur les chemins de la poésie, de l'imagination
libérée. Pas d'effets spéciaux au rabais, encore moins d'esbroufe.
Le tragique côtoie le rire à sa juste mesure, et le texte évite
toute lourdeur didactique. Il flotte une violence contenue dans
la pièce, symptomatique des rapports entre les êtres humains.
On se prend à sursauter, à fermer les yeux, à rire aux éclats
et à taper du pied en musique. Un plaisir à ne pas bouder.
Zoé Lin - L'Humanité
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Création à Mantes-la-Jolie.
Reprise au Théâtre Dunois / Paris.
Tournée nationale en 1998, 1999, 2000. |
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