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Texte et mise en scène: Ahmed Madani
D'après le conte de Birago Diop


Avec : Badou Diallo, Robbie Tchimou, Dominique Magloire, Thierry Fournier
Décors / Costumes : Raymond Sarti
Assistante décors : Corinne Fulconis
Lumière :
Jean-François Saliéri
Conception affiche :
Tony Grippo
Photographe :
Jérômine Derigny


Nos partenaires :
DRAC Ile de France, Aide à la création du Conseil Général des Yvelines, Ville de Mantes-la-Jolie, Mission Ville, Fonds d'Action Sociale, CAC G. Brassens de Mantes-la-Jolie



L'histoire :

A Lamène, petit village d'Afrique Noire, les vieux se rappellent à peine le goût de la viande et les jeunes ne l'imaginent même pas. Une expédition se prépare en pays Peuhl pour échanger un taureau contre des sacs de mil. C'est Mor Lam qui a donné le plus, lui revient donc la plus belle part : l'os. Mais un serment de fraternité le lie irrémédiablement à Moussa, son plus-que-frère...
L'Os


Les années 90 sont marquées par la mise en exergue permanente d'un voeu pieux de solidarité pour que les êtres humains puissent continuer à vivre ensemble. La question de la solidarité jusque-là posée entre Nord et Sud se pose à présent entre Ouest et Est, et de façon plus insidieuse encore à l'intérieur même des pays les plus riches, entre ceux qui chôment et ceux qui travaillent, ceux qui sont logés et ceux qui ne le sont pas, ceux qui mangent et ceux qui ont faim. L'Os est une fable d'une grande force qui aborde avec humour et originalité un sujet particulièrement actuel, celui du partage. Les plus-que-frère comme le personnage de Mor Lam, héros cupide et gourmand de l'Os, sont légions en ces temps de cupidité morbide généralisée. Nous en faisons tous partie, nous fermons tous notre porte comme lui et restons sourds aux appels de ceux qui ont besoin de nous. Nous sommes protégés car aucun serment de fraternité ne nous lie à eux. Dans le fond, nous avons tous bonne conscience : nul n'est responsable, c'est simplement le monde qui va mal...





Texte et mise en scène :
Ahmed Madani

D'après le conte de Birago Diop

Création à Mantes-la-Jolie.
Tournée nationale.
On frappe à la porte

Awa (regarde par une fente) : C'est Moussa.

Mor : Oh Non ! Le pique assiette, qu'est-ce qu'il veut encore celui-là. Dis lui que je ne suis pas là.

Awa : Qui est là ?

Moussa : C'est Moussa

Awa : Moussa, mon mari me dit de te dire qu'il n'est pas là !

Moussa : Ah !...Dis-moi Awa, une question, comment ton mari, qui n'est pas là, peut-il te dire de me dire à moi qui suis là, qu'il n'est pas là ? Question hein ! Question...

Awa : Mor Lam ! Comment toi qui n'es pas là, peux-tu me dire de lui dire à lui qui est là, que toi tu n'es pas là ?

Mor : Hein ? Oh la, la, la. Bon ! J'ai une idée. Demande lui s'il est venu me rendre les cinq cents francs qu'il me doit depuis trois mois ?

Awa : Moussa ! Es-tu venu lui rendre les cinq cents francs que tu lui dois depuis trois mois ?

Moussa : Ahaaa ! Awa tu ne crois quand même pas que je dérangerais mon plus que frère pour une chose aussi insignifiante. Dis-lui que je viens le voir pour une raison de la plus haute importance.

Mor : Dis lui que rien n'est plus important que de rembourser ses dettes !

Awa (à Moussa) : Rien n'est plus...

Moussa : ...important que de rembourser ses dettes, merci j'ai entendu. Bon ! Qu'on en finisse ! Awa, dis à ton mari que rien n'est plus important que la fraternité de case et qu'on ne reçoit pas son plus que frère en lui fermant la porte au nez. Qu'il m'ouvre donc tout de suite sinon je m'en vais par tout le village de Lamène dire à qui voudra l'entendre que Mor Lam est infidèle au serment des circoncis !
Extrait
A partir de ce conte, Ahmed Madani a écrit une pièce drôle, inventive, où la ruse et la débrouillardise, le mots coulant comme du miel, donnent foi en l'Afrique. Une Afrique rythmée par des percussions interprétées en direct, par des danses, mais aussi, plus gravement, par des airs de gospel, de blues magnifiquement interprétés par Dominique Magloire. D'un seul coup, avec ces chants sublimes, c'est comme si Nina Simone improvisait en pilant le mil. Autant dire qu'on apprend beaucoup avec ce type de spectacles, trop rares.
Marc Girot - Chronique spectacle - RFI



© Madani Compagnie 2003